Le maire libéral roumain remporte la présidence, résultats électoraux au Portugal et en Pologne

Le maire libéral roumain remporte la présidence, résultats électoraux au Portugal et en Pologne

Le paysage politique européen connaît des changements significatifs en mai 2025, avec trois élections majeures qui ont redessiné les équilibres de pouvoir en Roumanie, en Pologne et au Portugal. Ces scrutins révèlent des tendances importantes qui traversent le continent, entre progression des forces libérales et poussée des mouvements nationalistes.

Victoire décisive de Nicusor Dan en Roumanie face au candidat nationaliste

La Roumanie a un nouveau président en la personne de Nicusor Dan, maire libéral de Bucarest, qui a remporté le second tour de l’élection présidentielle face à George Simion, candidat nationaliste. Malgré les tentatives de ce dernier de revendiquer prématurément la victoire, les résultats définitifs ont confirmé la tendance annoncée par les sondages de sortie des urnes.

Avec plus de 54% des suffrages contre environ 46% pour son adversaire, Dan s’est imposé de manière claire, même si le décompte des votes de la diaspora roumaine a pris plus de temps. S’adressant à ses partisans rassemblés devant la mairie de Bucarest, le mathématicien devenu président a déclaré : « La victoire est la vôtre. La Roumanie commence une nouvelle étape demain et a besoin de chacun d’entre vous. »

Cette élection s’est déroulée dans un contexte de forte polarisation et de tensions politiques. Des drapeaux de l’Union européenne étaient visibles parmi les partisans de Dan, illustrant l’orientation pro-européenne du nouveau président. Les jeunes électeurs notamment ont soutenu massivement sa candidature, voyant en lui un garant des valeurs démocratiques européennes.

Candidat Affiliation politique Pourcentage obtenu
Nicusor Dan Libéral 54%
George Simion Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) 46%

Les réactions internationales n’ont pas tardé à suivre cette victoire. Le président français Emmanuel Macron a félicité Dan dès l’annonce des résultats, soulignant que « malgré de nombreuses tentatives de manipulation, les Roumains ont choisi ce soir la démocratie, l’État de droit et l’Union européenne ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également salué cette victoire, évoquant « le choix d’une Roumanie ouverte et prospère dans une Europe forte ».

Pologne : Trzaskowski en tête du premier tour, un second tour très serré en perspective

En Pologne, le premier tour de l’élection présidentielle a vu le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, se placer en tête avec 30,8% des voix selon les sondages de sortie des urnes. Son principal adversaire, l’historien national-conservateur Karol Nawrocki, a obtenu 29,1%, un écart plus serré que prévu par les sondages précédant le vote.

La participation électorale a atteint un niveau record pour un premier tour depuis la chute du communisme en 1989, avec 66,8% des électeurs qui se sont déplacés aux urnes. Ce taux exceptionnel témoigne de l’importance cruciale de ce scrutin pour l’avenir politique de la Pologne.

Le second tour, prévu pour le 1er juin, s’annonce particulièrement disputé. Plusieurs facteurs seront déterminants pour l’issue finale :

  • La capacité de Trzaskowski à rassembler les votes des partisans de la coalition gouvernementale
  • Le report des voix des candidats d’extrême droite, arrivés en troisième et quatrième positions
  • La mobilisation des électeurs de chaque camp pour ce second tour décisif
  • Le positionnement des candidats sur des questions sensibles comme l’avortement ou les partenariats civils

Le Premier ministre Donald Tusk a déclaré que « la lutte pour tout ne fait que commencer », soulignant l’importance des deux prochaines semaines pour l’avenir du pays. En cas de victoire de Trzaskowski, allié de Tusk, le gouvernement pourrait accélérer ses réformes sur l’État de droit, tandis qu’une victoire de Nawrocki représenterait un obstacle majeur pour l’exécutif actuel, le président polonais disposant d’un pouvoir de veto sur les lois.

Portugal : montée spectaculaire de l’extrême droite dans un paysage politique fragmenté

Au Portugal, les élections générales, les troisièmes en trois ans, ont confirmé la victoire de l’Alliance Démocratique (AD, centre-droit) du Premier ministre Luís Montenegro, qui devrait obtenir entre 29,1% et 35,1% des voix selon les sondages de sortie des urnes. Néanmoins, le fait marquant de ce scrutin est la progression fulgurante du parti d’extrême droite Chega.

Alors qu’il n’avait recueilli que 7% des suffrages il y a trois ans, Chega se retrouve désormais au coude-à-coude avec le Parti socialiste pour la deuxième place, avec environ 23% des voix. Ce bouleversement historique remet en question la domination traditionnelle du bipartisme portugais depuis la révolution de 1974.

André Ventura, le leader de Chega, n’a pas caché sa satisfaction, déclarant avoir « tué le bipartisme au Portugal » et qualifiant ce résultat de « victoire pour le pays ». À l’opposé, un député socialiste a évoqué une « calamité » et une « tragédie » pour son parti, qui a longtemps dominé la vie politique portugaise.

  1. L’Alliance Démocratique devrait rester au pouvoir mais sans majorité absolue
  2. Le Parti socialiste connaît un recul historique, potentiellement dépassé par l’extrême droite
  3. Chega a fait de l’opposition à l’immigration massive son thème de campagne principal
  4. Le Premier ministre Montenegro a exclu toute alliance avec l’extrême droite

Ces trois élections européennes illustrent les dynamiques contrastées qui traversent le continent, entre affirmation des valeurs libérales et démocratiques en Roumanie, incertitude politique en Pologne, et montée en puissance de l’extrême droite au Portugal. Elles témoignent d’un paysage politique européen en pleine recomposition, à un moment où l’Union européenne fait face à de nombreux défis internes et externes.

Luc Dubois
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