Entretien exclusif avec le pape François dans La Gazzetta : révélations et réflexions spirituelles

Entretien exclusif avec le pape François dans La Gazzetta : révélations et réflexions spirituelles

Le 2 janvier 2021, La Gazzetta dello Sport publiait une interview exceptionnelle avec le pape François, offrant un regard approfondi sur sa vision du sport et ses valeurs spirituelles. Cette conversation, désormais historique, révèle un pontife passionné qui établit des ponts entre foi et sport, deux domaines apparemment distincts mais partageant de nombreuses valeurs communes.

Les valeurs fondamentales du sport selon le Saint-Père

Dans cet entretien exclusif accordé au quotidien sportif italien, le pape François partage sa vision du sport à travers sept valeurs cardinales qui résument parfaitement sa pensée. La leçon principale que le pontife souhaite transmettre concerne la dimension éthique du sport comme école de vie.

« Le sport est lealtà e rispetto delle regole », affirme-t-il dès les premières minutes de l’entrevue. Pour le Saint-Père, la pratique sportive sans respect des règles mènerait au chaos total. Il dénonce fermement le dopage, qu’il qualifie de « scorciatoia che annulla la dignità » – une tricherie qui anéantit la dignité humaine.

Tout au long de l’interview, le pape souligne l’importance de valeurs comme l’engagement, le sacrifice et l’inclusion. Il explique notamment que le talent sans application ne vaut rien, faisant référence à la parabole des talents pour illustrer que chacun doit développer ses dons.

Valeur Signification selon le pape François
Lealtà (Loyauté) Respect des règles et rejet de toute forme de tricherie
Impegno (Engagement) Le talent sans travail ne mène nulle part
Sacrificio (Sacrifice) Transformer l’effort en quelque chose de sacré
Inclusione (Inclusion) Bâtir des ponts plutôt que des murs

François met particulièrement l’accent sur l’esprit d’équipe comme élément fondamental non seulement dans le sport mais dans la vie quotidienne. « Nessuno si salva da solo » (Personne ne se sauve seul), rappelle-t-il, établissant un parallèle entre le travail d’équipe sportif et la dimension communautaire de la foi.

Souvenirs sportifs et expériences personnelles du pontife

Dans cette interview mémorable, le pape partage des souvenirs touchants de son enfance en Argentine, révélant une facette peu connue de sa personnalité. Il raconte avec nostalgie les matchs qu’il regardait avec sa famille au stade El Gasómetro, particulièrement le championnat de 1946 remporté par son équipe favorite, le San Lorenzo.

« Da piccolo mi piaceva il calcio, ma non ero tra i più bravi, » confie-t-il avec humilité. En Argentine, on l’appelait « pata dura » (jambe raide), ce qui lui valait souvent d’être placé comme gardien de but. Cette expérience est devenue pour lui une véritable école de vie, lui apprenant à être constamment prêt à répondre aux dangers venant de toutes parts.

Le Saint-Père évoque également son expérience du basket-ball, sport que son père pratiquait au sein du club San Lorenzo. Ces souvenirs personnels illustrent comment le sport a façonné sa vision du monde et nourri sa spiritualité dès son plus jeune âge.

François mentionne avec émotion l’histoire de Gino Bartali, cycliste légendaire qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, transportait des documents falsifiés dans le cadre de sa bicyclette pour sauver des Juifs persécutés. Cette histoire exemplifie pour lui la façon dont le sport peut transcender sa simple dimension compétitive pour devenir un instrument de bien.

Spiritualité et compétition : les parallèles établis par le pape

L’un des aspects les plus fascinants de cette interview est la manière dont le pape François établit des connexions profondes entre spiritualité et pratique sportive. Il utilise des métaphores sportives pour expliquer des concepts religieux, rendant ainsi son message accessible au grand public.

Le pontife compare notamment les athlètes aux saints : tous deux connaissent l’effort mais ne le perçoivent pas comme un poids car ils y trouvent un sens supérieur. Cette motivation transcendante permet d’affronter le sacrifice avec joie plutôt qu’avec résignation.

François cite également saint Paul, qui utilise lui-même des métaphores sportives dans ses épîtres : « Non sapete che, nelle corse allo stadio, tutti corrono, ma uno solo conquista il premio? » (Ne savez-vous pas que dans les courses du stade, tous courent, mais un seul remporte le prix?)

Le pape évoque les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, en soulignant leur dimension d’entraînement spirituel comparable à la discipline sportive. L’esprit, comme le corps, nécessite un entraînement rigoureux pour atteindre l’excellence.

Les qualités essentielles partagées par les sportifs et les personnes de foi

  • La persévérance face aux échecs
  • La discipline quotidienne
  • La capacité à se relever après une chute
  • L’humilité d’apprendre constamment
  • Le dépassement de soi pour un idéal plus grand

Réflexions sur les défis éthiques du sport moderne

Le pape François ne se contente pas d’idéaliser le sport, il aborde également ses zones d’ombre contemporaines. Il exprime ses préoccupations concernant la marchandisation excessive des athlètes, transformés en produits générant des profits plutôt qu’en êtres humains porteurs de valeurs.

Faisant référence à son encyclique « Fratelli Tutti », il rappelle que le marché seul ne résout pas tout, y compris dans le domaine sportif. Le pontife déplore la transformation de certains champions en « burocrati del loro sport », des professionnels richissimes mais ayant perdu leur passion initiale.

Pour François, l’idéal olympique reste un phare dans ce contexte : la personne au centre, la défense de la dignité humaine et la construction d’un monde meilleur sans discrimination. Il cite avec approbation la Charte Olympique qui prône l’éducation des jeunes par un sport pratiqué sans discriminations, dans un esprit d’amitié et de loyauté.

L’interview se conclut sur un message d’espoir et un conseil universel, résumant parfaitement la philosophie du pape : « Meglio una sconfitta pulita che una vittoria sporca » (Mieux vaut une défaite propre qu’une victoire sale). Une invitation à tous, sportifs ou non, à vivre avec intégrité dans tous les aspects de l’existence.

Sophie Bernard
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