Calin Georgescu, candidat d’extrême-droite, en tête du premier tour de la présidentielle roumaine

Calin Georgescu, candidat d'extrême-droite, en tête du premier tour de la présidentielle roumaine

La Roumanie traverse une période électorale mouvementée après l’annulation controversée du scrutin de novembre dernier. Le 4 mai 2025, les électeurs roumains ont été appelés aux urnes pour un premier tour présidentiel qui a vu la victoire surprenante d’un candidat d’extrême-droite. Cette élection intervient dans un contexte politique tendu, marqué par des allégations d’ingérence étrangère et des contestations populaires.

Résultats du premier tour de la présidentielle roumaine

Les résultats du premier tour des élections présidentielles roumaines ont propulsé George Simion, figure de l’extrême-droite, en tête du scrutin avec un score impressionnant. Selon les décomptes officiels, avec 99% des bulletins dépouillés, Simion a obtenu 40,5% des suffrages exprimés. Ce score, bien qu’insuffisant pour remporter l’élection dès le premier tour, lui assure une position dominante avant le second tour.

Son principal adversaire pour le second tour sera Nicusor Dan, maire centriste de Bucarest, qui a recueilli 20,9% des voix. L’écart considérable entre les deux candidats qualifiés illustre la polarisation actuelle de la société roumaine. L’ancien sénateur Crin Antonescu, représentant de la coalition gouvernementale, a terminé à la troisième place avec 20,3% des suffrages, manquant de peu la qualification.

La participation électorale a été particulièrement scrutée lors de ce scrutin inhabituel. Les bureaux de vote ont accueilli les électeurs de 7h00 à 21h00 (heure locale), permettant une journée complète de vote. Les sondages de sortie des urnes avaient déjà prédit la première place de Simion, confirmant la tendance observée durant la campagne.

Candidat Affiliation politique Pourcentage obtenu
George Simion Alliance pour l’Union des Roumains 40,5%
Nicusor Dan Indépendant (centriste) 20,9%
Crin Antonescu Coalition gouvernementale 20,3%

Contexte d’une élection extraordinaire

Cette élection présidentielle constitue un cas sans précédent dans l’histoire démocratique récente de la Roumanie. Par voie de conséquence, elle se déroule après l’annulation par la Cour constitutionnelle du scrutin de novembre remporté par Calin Georgescu, critique de l’OTAN. Cette décision judiciaire exceptionnelle a été motivée par des accusations d’interférence russe dans le processus électoral.

Les autorités roumaines ont notamment pointé du doigt une campagne TikTok non authentique ainsi que des manipulations médiatiques d’origine étrangère ayant favorisé la victoire de Georgescu. Ce dernier s’est vu interdire de participer à ce nouveau scrutin, provoquant des manifestations parfois violentes parmi ses partisans qui dénoncent une atteinte à la démocratie.

Dans ce contexte tendu, George Simion est apparu comme le successeur idéologique de Georgescu. Parmi les onze candidats en lice, il a rapidement été identifié comme le représentant d’une ligne politique similaire, captant ainsi une large part de l’électorat de Georgescu. Comme l’a déclaré une électrice de 66 ans nommée Aurelia : « George Simion équivaut à Calin Georgescu, il obtient mon vote. »

Les défis auxquels fait face la Roumanie sont multiples :

  • Une inflation galopante affectant le pouvoir d’achat
  • L’émigration massive des jeunes Roumains
  • Les tensions géopolitiques liées au conflit en Ukraine
  • La perception de corruption au sein des institutions
  • L’intégration européenne et ses contraintes

Positionnement politique des finalistes

Le duel qui s’annonce pour le second tour du 18 mai présente un contraste saisissant entre deux visions pour l’avenir de la Roumanie. George Simion, à la tête de l’Alliance pour l’Union des Roumains, incarne une ligne politique nationaliste et eurosceptique. Son programme s’articule autour d’une opposition ferme à l’aide militaire à l’Ukraine voisine et d’une critique des instances dirigeantes de l’Union européenne.

Simion revendique également un alignement idéologique avec le mouvement « Make America Great Again » porté par Donald Trump aux États-Unis. Dans son discours après les premiers résultats, il a déclaré : « Je veux remercier du fond du cœur tous ceux qui ont choisi de voter pour moi… C’était un acte de courage, de confiance et de solidarité. » Il s’est engagé à ne pas trahir cette confiance accordée par ses électeurs.

Face à lui, Nicusor Dan propose une orientation radicalement différente. Ce mathématicien de formation devenu activiste puis maire de Bucarest défend une position pro-européenne et soutient l’aide à l’Ukraine. Sa candidature indépendante s’appuie sur une plateforme anti-corruption qui résonne auprès des électeurs urbains et éduqués, préoccupés par l’état de droit et l’intégration européenne.

Enjeux de la fonction présidentielle roumaine

En Roumanie, le président exerce un rôle semi-exécutif aux prérogatives significatives dans plusieurs domaines stratégiques. Le chef de l’État roumain est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois, conformément à la constitution du pays.

Les pouvoirs présidentiels comprennent notamment :

  1. Le commandement des forces armées nationales
  2. La présidence du conseil de sécurité qui décide de l’aide militaire
  3. La représentation du pays lors des sommets de l’UE et de l’OTAN
  4. Le pouvoir de veto sur des votes importants au niveau européen
  5. La nomination du Premier ministre et des hauts responsables judiciaires

Ces prérogatives confèrent au président roumain une influence considérable sur la politique étrangère et de défense du pays. Dans le contexte géopolitique actuel, marqué par le conflit en Ukraine et les tensions avec la Russie, cette élection revêt une importance particulière pour la stabilité régionale et les relations avec les partenaires occidentaux.

Pour de nombreux Roumains, comme Eugenia Niculescu, une retraitée de 65 ans vivant à Bucarest, les attentes sont claires : « Nous voulons une personne capable qui sache défendre le peuple roumain au sein de l’UE. » Cette aspiration reflète les préoccupations économiques et sociales d’une population confrontée à l’inflation et aux difficultés quotidiennes.

Emma Leroy
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