Paris recèle des trésors artistiques méconnus qui échappent souvent aux regards des touristes. Bien que la capitale française soit célèbre pour ses musées emblématiques comme le Louvre ou le Musée d’Orsay, certaines collections d’art demeurent confidentielles, nichées dans des lieux discrets. Étudions ensemble trois havres culturels parisiens où l’art se dévoile loin des foules.
Le cabinet des estampes et dessins du Louvre, un secret bien gardé
Au cœur du plus célèbre musée du monde se cache un espace confidentiel que même de nombreux Parisiens ignorent. Le cabinet de consultation des estampes et dessins du Louvre offre une expérience artistique unique, loin des galeries bondées. Situé à l’extrémité de l’aile Flore, son entrée gardée par deux lions de pierre fait face au jardin du Carrousel.
Ce département des Arts graphiques abrite près de 250 000 œuvres sur papier : dessins, pastels, miniatures, gravures, livres rares et manuscrits. La particularité ? Vous pouvez examiner ces trésors hors de leurs cadres, aussi longtemps que vous le souhaitez.
Pour y accéder, la démarche demande de la persévérance. Il faut soumettre une demande en français via le site du Louvre, en précisant jusqu’à 10 portfolios que vous souhaitez consulter. Après réception de l’acceptation écrite, généralement envoyée sous quelques jours, vous pourrez vous présenter à la salle de consultation.
L’ambiance qui règne dans ce lieu est celle d’une bibliothèque prestigieuse plutôt que d’une galerie. Des bas-reliefs sculptés dans les murs racontent le triomphe de Flore, tandis qu’une peinture ovale au plafond célèbre le festival du printemps. La lumière pénètre par d’immenses vitraux donnant sur la Seine.
Contrairement aux idées reçues, ce lieu n’est pas réservé aux experts : « Vous n’avez pas besoin d’être historien d’art ou professeur pour venir ici. Vous devez simplement être un amateur d’art sérieux. Nous accueillons le monde entier ! » confie un responsable du Louvre.
La collection asiatique méconnue du musée d’Ennery
Avenue Foch, l’une des artères les plus prestigieuses de Paris, abrite un hôtel particulier néoclassique du XIXe siècle resté largement intact depuis 150 ans. Ce lieu singulier renferme la collection d’art asiatique de Clémence d’Ennery, comprenant plus de 8 000 objets chinois et japonais.
Née en 1823 dans une famille aisée, Clémence d’Ennery était une femme d’esprit libre. Séparée légalement de son premier mari, elle devint la compagne d’Adolphe Philippe d’Ennery, dramaturge et romancier, avant de l’épouser. Sans jamais avoir mis les pieds en Asie, elle constitua sa collection en acquérant des pièces auprès de nombreux marchands français.
Véronique Crombé, historienne de l’art, explique : « Elle collectionnait ce qu’elle voulait, ce qu’elle aimait. Elle ne prétendait pas être une experte. » L’hôtel particulier devint un salon parisien important où acteurs, écrivains, politiciens et artistes se retrouvaient pour admirer sa collection.
Parmi les objets remarquables exposés figurent :
- Des coffres laqués aux finitions délicates
- Des porcelaines émaillées aux couleurs éclatantes
- Des pierres précieuses sculptées représentant des divinités
- Des chimères chinoises aux formes fantastiques
- Des masques inspirés du théâtre Noh japonais
Une galerie abrite ce qui serait la plus grande collection publique de netsuke japonais au monde : environ 2 500 contrepoids ornementaux miniatures sculptés dans des matériaux comme l’ivoire, le bois et la porcelaine, traditionnellement suspendus aux ceintures des kimonos.
Les joyaux minéraux cachés de l’École des Mines
Qui imaginerait trouver un musée extraordinaire au sein d’une école d’ingénieurs ? Depuis 1794, la collection minéralogique fait partie intégrante de Mines Paris (École des Mines), située près du jardin du Luxembourg. Les vitrines en chêne de Hongrie de sa grande galerie n’ont pas changé depuis le milieu du XIXe siècle.
Le musée expose plus de 1 200 espèces minérales, ce qui en fait la quatrième collection de ce type la plus importante au monde. Éloïse Gaillou, la directrice, affirme fièrement : « Même le Smithsonian n’expose pas autant d’espèces minérales que nous. »
Type de minéral | Origine | Particularité |
---|---|---|
Rhyolite volcanique | Mexique | Nodules d’opales précieuses bleues, rouges et vertes |
Tourmaline « Blue Cap » | Californie | Cristal rose-rouge avec une tête bleue |
Cuprite recouverte de malachite | Chessy-les-Mines, France | Large cristal octaédrique |
Diamant | Afrique du Sud | Serti dans de la roche volcanique |
Le musée possède également soixante météorites, dont la célèbre chondrite d’Allende contenant certaines des plus anciennes particules du système solaire, et un fragment de 230 kg de la météorite Canyon Diablo tombée dans l’actuel Arizona il y a environ 50 000 ans.
Les amateurs de joaillerie pourront admirer des sélections provenant d’une collection d’environ 1 200 pierres précieuses taillées, dont certaines faisaient autrefois partie des joyaux de la couronne française : des topazes roses non montées connues sous le nom de « rubis brésiliens », des améthystes pour les parures de l’impératrice Marie-Louise, et 45 petites émeraudes qui ornaient la couronne du sacre de l’empereur Napoléon III.
Les trésors artistiques parisiens à portée de main
Paris regorge de collections d’art confidentielles qui méritent d’être découvertes. Ces trois musées offrent une alternative passionnante aux institutions plus connues, permettant d’examiner l’art dans des cadres intimes et originaux.
Pour organiser votre visite, notez que ces lieux ont des modalités d’accès spécifiques. Le cabinet des estampes du Louvre n’accueille que sur réservation, du lundi au vendredi de 13h30 à 18h00. Le musée d’Ennery propose des visites guidées uniquement le samedi au tarif de 9 euros. Quant au musée de Minéralogie, il est ouvert du mardi au samedi pour 7 euros l’entrée.
Ces joyaux méconnus de la capitale française témoignent de la richesse culturelle parisienne au-delà des circuits touristiques traditionnels. Ils offrent une plongée dans des univers artistiques variés, des arts graphiques aux collections asiatiques en passant par les merveilles minérales, permettant de redécouvrir Paris sous un angle nouveau et captivant.
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